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dimanche 18 avril 2010

La femme chez Saint Paul.


Se mettre à l’étude de saint Paul, exige de s’intéresser en priorité à ces textes embarrassants selon Pierre René Côté. La pensée paulinienne telle que présentée de nos jours reflète-t-elle vraiment ce que Paul a voulu dire? C’est aussi ce qu’il faut faire pour plusieurs autres préjugés; ne dit-on pas à tort aussi que Paul est contre la libération des esclaves (1 Co 7,21), c’est bien connu; il est aussi pour la soumissions aux autorités politiques, n’a-t-il pas déclaré que toute autorité venait de Dieu (Rm 13,1)?

Pour d’aucun c’est une perte de temps à vouloir se tourner vers ses lettres pour savoir quelque chose d’éclairant au sujet de la femme; au mieux y trouverait-on l’origine de tous les asservissements de la femme chrétienne, des manques de considération, du mépris…pour moi c’est tout le contraire. Relire le statut de la femme chez Paul notre frère, c’est redorer le blason de la femme terni de nos jours par une immoralité et une injustice sociale ascendante. Ainsi donc notre travail est de relire l’image que Paul donne à la femme en général et à la femme chrétienne en particulier.

Passages répertoriés où Paul parle de la femme

1Co.7,1 ;9,5 ;11,3 ;11,5-15 ;14,34-35 ;Ga4,4 ; 1Tm2,914; 3,11 ; Rm7,2 ; 1Co5,1; 7,214; 2,16; 2,27; 2,29; 2,33-34; 2,39; Ep5,22-25; 5,28; 5,31; 5,33; Col3,18-19; Rm1,26-27.

Tous ces textes où l’apôtre des gentils parle de la femme nous serviront dans notre étude car ils nous permettront d’avoir une plus grande vision de la place de la femme chez Paul. Le texte de base pour notre étude est :Ep5,22-28

Structure

Ce texte peux être divisé en 2parties :

La première partie va du verset 22 au verset 24 : la soumission de la femme à son marie.

La seconde partie va du verset25 au verset28 : le comportement du mari vis-à-vis de sa femme.

Analyse du message et commentaire

Nous avons ici un des textes de saint Paul les plus difficiles à interpréter à cause de l'impact qu'il a sur notre sensibilité. Il faut utiliser les grands moyens pour l'étudier. Nous ferons donc, une analyse minutieuse de ce texte, comme cela s'impose dans certains cas problématiques.

"Femmes soyez soumises à vos maris…" : ce passage a été souvent mal interprété à cause de la projection de sentiments, de passions, d'expériences personnelles… que nous opérons au fond de nous même. Devant un texte comme celui- là, nous allons d'abord décentraliser notre focus du passage problématique, élargir notre lecture, maîtriser nos passions et lire en entier la lettre aux Éphésiens. Nous constatons que cette lettre n'est, en aucune manière, centrée sur ce passage-là, et que ce passage vient se situer, bien à sa place, dans l'ensemble du message de cette péricope. L’ apôtre veut montrer dans la lettre aux Éphésiens, le bienveillant dessein de Dieu : le Père créateur veut que nous soyons ses fils et ses filles, le Fils nous rachète tous par son sang et récapitule toutes choses en sa personne, l'Esprit Saint nous a été donné dans l'espérance du salut.

Après cette révélation suit la parénèse, c'est-à-dire une exhortation à mener une vie digne de l'appel que l'on a reçu (Ep 4,1). Cette Bonne Nouvelle, cet Évangile entraîne des implications pratiques pour la vie des chrétiens: puisque nous devons former le peuple de Dieu, et que le Corps du Christ grandit par le progrès de l'Évangile, un agir concret, une « praksis », ou mieux encor une nouvelle vie découle de ce fait, entre autres, l'impératif de la vie fraternelle éclairée par le mystère du Christ. Les rapports humains en sont complètement transformés, bien qu'ils ne soient jamais magiquement rénovés. Il revient à chacun et chacune de convertir sa perception de soi même et des autres, et de réajuster sans relâche sa relation à Dieu, aux autres, à la Création.

Ce passage ne saurait être bien compris si toute fois nous ne lisons pas d’abord attentivement le tout premier verset de ce texte (v. 21): "Soyez soumis les uns aux autres…" d’après Pierre René : le mot «soumis» du grec hypotassomenoi est employé ici au masculin pluriel. Pour la femme, le verbe n'est pas écrit, mais sous-entendu : "Soyez soumis (masculin pluriel) les uns aux autres, la femme à son mari", et non pas: "Femmes soyez soumises à vos maris". La majorité des manuscrits anciens commencent la phrase concernant la femme sans écrire de verbe principal, ce qui suppose qu'il s'agit d'une application (parmi d'autres, comme dans une énumération) du verbe exprimé précédemment, à savoir: hypotassomenoi. Les manuscrits les plus récents ont ajouté soit l'impératif "soyez soumises" (hypotassesthe), ou le subjonctif "qu'elles soient soumises", après "femmes", ou "aux maris". La tradition manuscrite la plus ancienne correspond mieux au style succinct des exhortations de saint Paul. L'addition du verbe plus tardivement peut s'expliquer par le simple désir d'être plus clair. Il pourrait aussi refléter l'usage déjà ancien de commencer la lecture du texte au verset 22, ce qui supprime le verbe hypotassomenoi et oblige à écrire un verbe ajusté au sujet "les femmes"[1]. Cette précision importante permet de saisir l'équilibre du texte : Soyez soumis les uns aux autres (5,21), la femme, à son mari (5,22), le mari, à sa femme (5,25), les enfants, aux parents (6,1), les esclaves, aux maîtres (6,5). Donc nous voyons que cette injonction si on peut ainsi dire ne s’adresse pas seulement aux femmes. Elles sont justes les premières de toute une triade(femme, enfants, esclaves) qui englobe toute la société de l’époque Ce genre d'exhortation à la soumission (ou à l'obéissance) ne s'adresse jamais à une seule catégorie de personnes. C'est habituellement une triade: les femmes, les esclaves et les citoyens (Tt 2,5; 2,9; 3,1; Col 3,18.22; 4,2-6; Ep 5,22; 6,5.10-20;). Et Paul ne réduit point la femme à un simple objet dans la main de son mari car à ce dernier il demande d’aimer sa femme. Quand on sait ce que implique l’amour pour Saint Paul on est loin de dire ou même de penser qu’il est misogyne. Il demande au mari de veiller sur sa femme car la responsabilité qu’il a sur sa femme est semblable à celle du Christ vis-à-vis de l’Eglise de la même manière que le christ à sauver l’Eglise lui est aussi appelé à donner le meilleur de lui pour sa femme. Pour Paul cela est une imitation du Christ donc toute lecture de son message qui exclurait cette dimension est d’avance erronée. La connaissance du Seigneur rectifie la conduite de chacun, ainsi que les relations interpersonnelles. C'est ce qu'il y a à saisir de plus important pour comprendre ces passages. Aussi bien la femme que le mari tous deux sont appelés à une imitation du Christ et cela pas de la même manière et cela Paul a bien voulu le mettre en évidence quand il donne l’image de l’Eglise et du Christ. La femme doit se soumettre à l’image de l’Eglise qui est soumise au Christ. Quand on sait que pour Paul l’Eglise est le corps du Christ on peut voir qu’il accorde une grande place à la femme dans la vie de l’ecclésiale. Le christ qui est la tête dont le mari doit s’inspirer n’ a de valeur que par ce qu’il y a un corps et qu’ensemble dans une communion parfait le tout forme une unité unique et indissociable qui est le peuple de Dieu, un peuple de bienheureux en marche vers le salut vers le royaume de Dieu où tous nous le verrons en plénitude.

Actualisation

De nos jours ce passage de Saint Paul n’est toujours pas compris de tous il faudrait qu’une plus grande catéchèse soit donnée sur cette conception de la morale paulinienne si je peux oser parler ainsi. Mais au-delà d’une morale c’est une organisation de la société, par sa plus petite entité qu’est la famille, que Paul nous propose et cela à la lumière de l’événement pascal, du christ, de l’évangile. Ainsi donc de nos jours nous devons éviter de lire ce texte avec nos lunettes de société sécularisée, libérale, aux mœurs très éloignées de celles du début de notre ère.

Pour ma part ce message de Paul tient toujours et il est plus qu’actuel dans nos société où nous constatons que la femme peine à trouver une véritable place dans la vie et la marche de nos différents états. En lieu et place du combat infécond de l’émancipation, de l’égalité…

La femme africaine doit faire sienne cette exhortation de Paul car c’est en la vivant pleinement quelle se verra rehaussée, revalorisée et son poids se fera plus sentir dans la vie de nos sociétés car pour moi cela changerait radicalement le regard de l’homme sur la femme et ne pourrait qu’ améliorer la relation mari et femme qui de nos jours connait une crise ; à voir les mariages qui s’effondrent ou qui sont en crise on le comprend vite.

La femme n’est point inférieure à l’homme aux yeux de la foi et devant Dieu. Tous deux sont appelés à former une seule entité, à s’aider mutuellement dans leur quête de la plénitude. Pour cela il faut que chacun joue sa partition à fond sans vouloir être l’autre. Comme deux rameurs chacun est appelé à ramer de son côté pour faire avancer cette pirogue qui est le royaume de Dieu.



[1] Festival de la Bible 2008, Pierre-René Côté, saint Paul

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